« Le Théâtre du Monde », sorti en 2014 chez Claves
Au tournant du XVIIe siècle, certains compositeurs ont cherché, pour la première fois, à exprimer musicalement, non plus les émotions des dieux, mais celles des hommes, bien plus violentes et profondes. L’amour, la haine et le désespoir sont réunis sur la même scène: la scène des vivants. Dès la fin de la Renaissance, la musique s’efforce d’exprimer ce contenu affectif des textes en utilisant une symbolique sonore, basée sur le jeu des extrêmes, qui rappelle fortement la technique du « clair-obscur », initialement utilisée en peinture depuis le XVIIe siècle, notamment par Le Caravage, pour créer des effets dramatiques saisissants. On retrouve ce procédé de contraste dans les éléments qui caractérisent la musique baroque : oppositions entre notes courtes et notes tenues, différenciation des registres graves et aigus, et symbolisation des modes majeurs et mineurs. Ces contrastes, parfois violents, créent des effets de «clair-obscur ». Le but de ces jeux de « lumières » en musique est de faire ressortir un sentiment, un affect. Grâce à l’art de la rhétorique, qui n’est autre que des correspondances entre la Nature et des codes artistiques conventionnés, l’art peut exprimer ces affects et toucher les hommes. La musique est alors un véritable miroir de la vie des hommes, un Théâtre du Monde.
« Da Monteverdi a Monteverdi », sorti en 2018, bientôt chez Claves
Ce programme est un hommage à Claudio Monteverdi (1567-1643), le plus grand compositeur du XVIIe siècle italien, aux qualités contrapuntiques et dramatiques exceptionnelles, tant dans la musique religieuse que dans la musique profane.Dans cette ère baroque des effets de contrastes, Monteverdi hissa l’art du madrigal au plus haut degré de sophistication.Le contrepoint est ici au service de la poésie et souligne la moindre allusion du texte. Des chromatismes déchirants aux fausses relations étranges en passant par les dissonances attaquées qui transpercent les lignes mélodiques: cette science musicale héritée du passé devient le moyen idéal d’exprimer les émotions humaines les plus profondes. Ainsi, les madrigaux de ce programme ont tous en commun une sensualité sonore presque physique.A ce programme s’ajoute des monodies de conception analogue, chantés à chaque fois par une voix différente du quintette vocal. Ceux-ci seront ici le vecteur de sentiments plus intérieurs qui offriront de véritables respirations entre ces madrigaux à l’intensité immersive extrême.Ce programme vu dans sa totalité nous permettra de profiter de tout le talent de composition de Claudio Monteverdi à travers sa musique non-scénique et de passer ainsi par tout un éventail d’émotions, finalement toujours très actuelles…
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