Des polyphonies éclatantes de Gabrieli au style flamboyant de Vivaldi, en passant bien sûr par l’illustre Monteverdi, tout cela s’est passé à Venise. En effet, cette ville commerçante riche et puissante, a encouragé les arts, tant profanes que sacrés. En abritant la recherche musicale (comme par exemple Zarlino) et les compositeurs, la cité des Doges leur a offert d’innombrables occasions d’explorer de nouvelles formes, favorisant ainsi le développement de l’illustration du monde et de l’expression des sentiments humains par la musique.
Malgré les nombreuses décennies les séparant, on retrouve chez Monteverdi comme chez Vivaldi une volonté très forte de mettre la musique au service de l’expression du texte (en musique vocale) ou du sous-texte (chez les instruments). Peut-on parler de musique à programme avant l’heure ? Les émotions humaines exprimées ainsi dans la musique – art extra-littéraire – fait évidemment penser à une autre révolution de l’époque pour l’expression des sentiments du côté des arts picturaux : le « Clair-Obscur » permettant de mettre en exergue l’émotion d’un instant précis par l’exagération de la lumière et des contrastes.
Chez Monteverdi, l’un de ses créateurs, l’opéra vit une véritable révolution, les récitatifs et les airs sont en mutation, notamment avec le traitement de l’accompagnement par la basse continue. Alors que chez Vivaldi, précurseur du Bel Canto, cette forme recitativo/aria est systématique et presque toujours accompagnée des instruments concertants. Parallèlement à la tradition vocale, le violon prend une toute nouvelle importance : Maître de la ritournelle chez Monteverdi, il devient l’instrument roi, notamment avec Vivaldi et ces innombrables concerti. Mais le plus intéressant est de constater que Monteverdi et Vivaldi ont tous les deux réussi à se créer une identité musicale propre, que même des oreilles peu averties pourraient reconnaître.
Placer ces deux compositeurs dans un même programme permet de montrer à quel point ils sont différents stylistiquement et pourtant si semblables dans leur recherche de l’expression.
A eux deux, ils forment en quelque sorte, les deux extrêmes stylistiques de cette Italie du XVIIe siècle; les deux phares musicaux de cette période sombre d’intenses recherches sur le monde et sur soi; les deux lumières du baroque.
Avec des œuvres de :
Monteverdi et Vivaldi
Effectif :
2 soprani, 2 violons, 1 alto, 1 viole de gambe, 1 clavecin et orgue.
Total : 7 musiciens
Durée : 1h15 environ