Giona : entre lumière divine et musique marine

Oratorio Giona de Giovanni Battista Bassani mis en lumière et scénographié par David Debrinay, créateur lumières.

Démarche musicale:

Au milieu du XVIIe siècle, dans le nord de l’Italie, le cœur de l’oratorio moderne bat déjà pour rythmer le calendrier religieux. Nouvellement nommé maître de chapelle à la cathédrale de Bergame, Giovanni Battista Bassani compose en 1689 un oratorio à 5 voix avec instruments, Giona, condensé d’inventivité, dans lequel on retrouve tous les codes musicaux inhérents au contexte religieux, autour de l’histoire biblique de Jonas, mais également les émotions centrifuges de l’opéra. Les récitatifs (parfois  accompagnés) faisant avancer l’action, les airs virtuoses de la basse qui nous racontent l’histoire, les duos de soprani, les ensembles de style madrigalesque, les magnifiques airs accompagnés de Giona, les ouvertures et sinfoni orchestrales : tous sont au service d’une musique illustratrice des sentiments et de la réflexion des protagonistes, le tout condensé dans un oratorio relativement court d’environ une heure, dont voici l’histoire :

Dieu ordonne à Jonas, prophète de l’Ancien Testament et fils d’Amitthaï, d’aller prêcher dans la ville de Ninive, mais Jonas décide de s’enfuir à bord d’un navire. Celui-ci est pris dans une tempête et manque de sombrer. Jonas finit par révéler aux autres membres d’équipage qu’il est la cause de cette tempête, car il a refusé d’obéir à Dieu. Ceux-ci le jettent alors par dessus bord pour calmer la tempête et il se fait avaler par un énorme poisson.
Pendant trois jours et trois nuits, Jonas se tourne vers Dieu, le prie intensément, avant d’être finalement recraché par le poisson. L’oratorio se termine avec l’arrivée de Jonas à Ninive.

Démarche scénographique, la lumière :

Notre spectacle est né de l’envie d’offrir au public une proposition de concert sortant de l’ordinaire : jouer Giona, ce magnifique oratorio si peu connu de Bassani, en exprimant toute la puissante dramaturgie de cette œuvre par une mise en lumière totale et mouvante du lieu. La musique baroque s’est très souvent inspirée du principe pictural du « Clair-Obscur » pour l’expression des affects du texte en musique. Nous faisons ici la démarche inverse en utilisant cette fois toute la force de la lumière pour raconter autant la Puissance Divine que la terreur d’une tempête en pleine mer, décrites dans la musique. Quoi de plus intense que la lumière – ou justement l’absence de lumière – pour exprimer la solitude d’une retraite forcée de trois jours dans une baleine…

La lumière jaillissant de toutes les splendeurs architecturales d’une église, mais également, par exemple, de sous les chaises des spectateurs, permet donc de placer le public au cœur de la représentation et ainsi de le plonger dans une toute nouvelle conception du concert en trois dimensions. Dans ce dispositif immersif, il n’est plus dans un rapport analytique, mais, sensitif à ce qu’il voit et entend. En créant, par la lumière, une unité entre les artistes et les spectateurs, nous faisons d’un simple concert une expérience sensorielle unique.

Ce spectacle a été créé en juin 2016 et ne demandera donc que deux jours d’adaptation sur le lieu avant la représentation, notamment pour la mise en place du matériel technique.

Distribution :
Giona : Maximiliano Baños, alto
Testo : Renaud Delaigue, basse
Sperenza : Capucine Keller, soprano
Obbedienza : Claudia Conese, soprano
Atrebate : Valerio Contaldo, ténor

Direction musicale : Pierre-Louis Rétat
Ensemble Chiome d’Oro composé de 10 instrumentistes

Création lumières : David Debrinay + assistant

Total : 17 intervenants

Durée : 1h30 environ