Dans ce siècle du baroque italien – l’ère des effets de contrastes par excellence -, les trois compositeurs Monteverdi, Gesualdo et D’India ont hissé l’art du madrigal au plus haut degré de sophistication et d’expression, en mélangeant la maîtrise contrapuntique de la Renaissance et l’audace exacerbée de cette nouvelle époque.

Les madrigaux à 5 voix de ce programme, d’époques et d’esthétiques diverses, ont tous en commun la volonté d’accéder à une sensualité sonore presque physique au-delà des mots. Ils utilisent même cette ivresse harmonique pour exprimer la douleur inhérente au thème mystérieux de la Mort sous toutes ses formes. Le contrepoint est ici au service de la poésie et souligne la moindre allusion du texte. Des chromatismes déchirants aux fausses relations étranges, en passant par les dissonances attaquées qui transpercent les lignes du contrepoint : cette science musicale héritée du passé devient le moyen idéal d’exprimer les émotions humaines les plus profondes.

À ce programme s’ajoute des monodies de conception analogue mais qui seront ici le vecteur de sentiments plus intérieurs. Caccini, Merula et Saracini ont utilisé dans leurs compositions une palette incroyable d’effets nouveaux pour exprimer la plainte de manière plus personnelle, plus intimiste. Ces œuvres pour voix seule seront chantées ici à chaque fois par une voix différente du quintette vocal, et offriront de véritables respirations au milieu de ces madrigaux à l’intensité immersive extrême.

Ce programme explore donc toutes les parties sombres de l’âme en abordant ici ses grandes afflictions et ses grandes extases. Les sentiments chavirent en une fraction de seconde dans une explosion des sens. L’oreille de l’auditeur est alors pétrie telle la glaise, et les sentiments véhiculés par la musique l’envahissent.

Avec des œuvres de :
Gesualdo, Monteverdi, Marenzio, Merula, Caccini, D’India, Mazzocchi

Effectif :
5 chanteurs et 4 instrumentistes

Total : 9 musiciens

Durée : 1h30 environ